Vendredi 5 décembre – Etretat

Vendredi 5 décembre à 18h15 au cinéma le Gulf stream

ÉTRETAT, Par delà les falaises – Courbet, Monet, Matisse

une conférence de Dominique Dupuis-Labbé, conservateur général honoraire

Le littoral de la Seine-Maritime, en Normandie, est bordé d’un long ruban de falaises de craie blanche, au pied desquelles la mer prend des teintes d’un vert laiteux, à l’origine du nom de Côte d’Albâtre.

Le village d’Étretat se situe dans une étroite vallée creusée dans la falaise, qui débouche sur une plage de galets. Sous l’effet de l’érosion, la roche a pris en ces lieux des formes spectaculaires, créant trois arches qui s’ouvrent successivement dans la mer et une aiguille. Ce paysage exceptionnel s’est imposé dans l’imaginaire collectif grâce aux artistes et attire chaque année des touristes en nombre toujours plus élevé. Les peintres et les écrivains ont en effet joué un rôle majeur dans la découverte, puis la notoriété d’Étretat. Le lieu s’est développé, au fil du 19e siècle, comme un véritable « village d’artistes », à l’égal de Barbizon, en forêt de Fontainebleau, ou de Pont-Aven, en Bretagne. À travers les nombreuses représentations de ce site unique, se lisent les évolutions de la perception du paysage et de sa figuration, présentées dans l’exposition sur la durée d’un siècle, du romantisme à la modernité.

Le site est découvert dans les années 1820 par les artistes romantiques, dans le sillage d’Eugène Isabey. Ils sont séduits par le sublime de ce décor, avec ses falaises et ses portes taillées dans la craie, resté préservé car à l’écart des voies de communication. Nombreux sont les artistes, français ou étrangers, à venir séjourner en ces lieux : Eugène Le Poittevin, Johann Wilhelm Schirmer, Eugène Delacroix, Camille Corot et même Victor Hugo. Étretat s’affirme alors comme l’un des centres de la nouvelle peinture. Courbet peint durant l’été 1869 plusieurs tableaux qui comptent parmi ses plus grands succès. Monet y séjourne régulièrement entre 1883 et 1886, travaillant sur le motif des falaises, saisies sous différentes lumières et à divers moments de la journée. À leur suite, Henri Matisse vient en 1920 et livre un épilogue à ce récit en entamant un dialogue avec ses deux illustres aînés, poursuivi par le photographe Elger Esser avec une série réalisée en 2000. La spécificité d’Étretat est ainsi de devoir sa réputation d’abord aux peintres, puis aux écrivains qui contribuèrent à prolonger le succès croissant de ce lieu de villégiature, qu’il s’agisse d’abord d’Alphonse Karr, de Gustave Flaubert, et surtout de Guy de Maupassant, puis de Maurice Leblanc. 

Prenant appui sur la présence, dans les collections du musée des Beaux-Arts de Lyon, de deux tableaux majeurs réalisés à Étretat par Gustave Courbet et Claude Monet, cette exposition est la première à retracer ce processus. Alors que le site d’Étretat est aujourd’hui en péril, fragilisé par la surfréquentation touristique et l’érosion des falaises accélérée par les effets du changement climatique, elle invite, à travers cent-cinquante oeuvres et documents, à interroger notre regard sur le paysage et sur le processus de création d’un mythe.

une exposition du musée des beaux-arts de Lyon du 29 novembre 2025 au 1er mars 2026

l’inscription peut se faire sur place en arrivant 20 minutes avant le début de la séance.